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DAUGUET Paul

Paul Dauguet est né le 15 octobre 1883 à St Malo, fils de Arsène François Marie et de Lucie Marie Léonie BOUIN, marié le 20.06.1912 à Paris 16ème avec Germaine Jeanne LAURENT
Il est décédé le 04.12.1956 à Paramé
Après de bonnes étude au collège de St Malo, il part en 1901 pour la première fois en qualité de pilotin sur le 3-mâts BOURBAKI pour un voyage du Nord Pacifique U.S. Au retour, il fait quelques voyages, en 1902 sur le Paquebot FRANCE qui assure la liaison St-Nazaire, Antilles, La Havane, Vera Cruz.
Reçu élève de la Marine Marchande à Paimpol en 1903, il part au service militaire et suit sur le BRENNUS le cours des E.O.R (1903-1904).
En sortant du service, il part comme second lieutenant sur le 3-mâts barque MAC MAHON, capitaine Le Goff, second capitaine Martineau, premier lieutenant Tréhondort, lieutenant cage à poule, Dauguet. Il fait à nouveau le Nord Pacifique. La traversée d’aller dure 210 jours, dont 90 au cap Horn (1905-1906)
De 1906 à 1909, Daughet navigue au long cours comme matelot, puis timonier et enfin premier lieutenant sur des vapeurs faisant les lignes de Chine et du Japon. Toutefois, avant d’aller au cours, il repart à la voile comme premier lieutenant sur le 4-mâts ASIE et fait un voyage du Chili : Valparaiso, Iquique.
Reçu C.L.C. en 1909, après un séjour en qualité de commis bénévole au Consulat de Liverpool notre ami part en Chine à Shanghai. Il navigue comme second capitaine pilote et part en qualité de second capitaine pour les voyages de Shanghai, le Yang Tsé, sur les paquebots côtiers. En qualité de second officier, il embarque sur la canonnière PONG CHING et, au compte du gouvernement chinois et de la douane impériale, il fait la surveillance, la répression côtière, le ravitaillement des phares et balises et la surveillance hydrographique des chenaux nord et sud du Yang Tsé.
1912 : Dauguet repart de Shanghai pour un voyage de circumnavigation qui le ramène à Cherbourg. Après un voyage comme premier lieutenant sur le s/s VILLE DE ROUEN, il prend le commandement du MENHIR et de 1912 à 1915 fait l’Algérie et le Maroc. En 1916,il fait l’évacuation des réfugiés serbes de San Giovanni à Corfou, au compte de l’Américan Serbian Relief Found, puis leur ravitaillement.
Après diverses navigations, il est mobilisé comme enseigne de vaisseau de première classe de réserve sur le nouveau LIAMONE, puis comme commandant de patrouilleur et de dragueur de mines en mer Egée et en mer Ionienne.
Notre camarade est démobilisé à Calais le 19 mars 1919. Après avoir navigué au cabotage de 1919à 1924 sur des chalutiers de la pêche hauturière SATURNE et HARLE, sur le ROUEN et le BORDEAUX, des services Dieppe-Newhaven, comme officier ou capitaine et suit à Bordeaux la transformation en bateau hydrographique pour l’Institut Océanographique de Chine, d’un chalutier, le MONTEBELLO, destiné également à l’étude et à la recherche des fonds poissonneux, lequel prend le nom de LANESSAN, naturaliste, ancien gouverneur-général de l’Indochine.
De 1925 à 1939, notre ami a commandé ce bâtiment collaborant aux travaux hydrographiques et océanographiques des côtes de Chine, des Archipels, et Ilots corallifères ainsi que des cayes qui y sont éparpillées, faisant grand honneur à notre corporation et à la Marine Marchande Française.
Mobilisé en sept 1939, en qualité de premier lieutenant de vaisseau, à bord de son bateau. Il est affecté au dragage du port de Saigon. Il tombe malade en décembre 1939, hospitalisé à Saigon, notre ami est démobilisé.
Paul Daughet raconte lui-même ses débuts sur le MAC MAHON
Parti du Havre, à la remorque le 15 mai 1905 à destination de Swansea, le MAC MAHON après avoir pris un chargement de charbon, appareillait le 25 mai 1905 à destination de San Francisco. La traversée de l’Atlantique s’effectue sans incident. Deux mois après le départ de Swansea, fin juillet le détroit de Lemaire, étant franchi, et plein vent arrière, l’île Horn était doublée à une dizaine de milles. Tout le personnel du bord était joyeux, d’autant plus qu’il avait été gratifié de la double, chacun caressant l’espoir que la chance et les bons vents continueraient à favoriser le MAC MAHON. La veille on avait immolé les passagers du gaillard d’avant et comme d’habitude, ce sacrifice avait été accompagné de l’offrande d’une double. Dans ce temps là, à bord des voiliers du grand long cours, la double avait l’effet moral le plus réconfortant sur les matelots. Mais en raison de sa rareté, certains matelots mettant de côté le boujaron quotidien, afin de pouvoir prendre, pendant la période de beau temps, une bonne petite cuite dominicale en souvenir des bordées tirées chez les hôtesses du quai de la Fosse ou dans les bouges du quartier de St François, du Havre.
Hélas, l’île Horn à peine doublée, ce fut le vent debout et ce n’est que 90 jours après, fin octobre, que Chiloé fut doublé. Trop de misère à la fois, courant au sud, revenant dans le Nord, perdant des voiles, 2 ou 3 huniers, tout l’équipage passant souvent des heures à serrer la misaine ou à la mettre au bas ris, les hommes obligés de descendre de la mâture pour se réchauffer et boire un boujaron. Bien que nous ayons 5 mois de mer, les vivres n’étaient pas rationnés, les pommes de terre seules faisaient défaut. La petite chaudière fut allumée pour distiller de l’eau de mer.
La traversée du Pacifique Sud s’effectua dans de bonnes conditions, malgré le mauvais caractère de notre cuisinier qui me fendit l’arcade sourcilière en me lançant un couvercle de casserole à travers la figure. J’eus d’ailleurs l’occasion de prendre ma revanche, ce cuisinier ayant la spécialité de n’effectuer que les voyages d’aller. En 1907 alors que je rentrais de Saigon, en France comme passager, pour aller passer mon examen de pratique C.L.C., quelle ne fut pas ma surprise de retrouver sur le paquebot notre certain cuisinier, qui eut l’outrecuidance de me chercher chicane : l’occasion était trop belle. Il reçut une sévère correction qui me paya de ma blessure à l’arcade sourcilière. J’en fut quitte pour des reproches assez sévères du second capitaine.
Dans le Pacifique, sous la ligne, nous rencontrâmes un 3-mâts latin-américain allant dans le Sud. Il nous annonça la fin de la guerre Russo-Japonaise et la victoire des Japonais.
Malgré un chronomètre qui déraillait, et nous faisait trouver des longitudes fantaisistes, notre atterrissage se fit sans encombre: Aux environs du jour de Noël de l’année 1905, le MAC MAHON franchissait le Golden Gate. Malheureusement notre longue traversée, près de 7 mois, nous avait ait perdre notre fret de retour. Nous dûmes aller à Tacoma prendre un chargement de blé en sacs...